État écologique des eaux de surface
L’indicateur de l’état écologique d’une masse d’eau renseigne du bon ou mauvais fonctionnement des écosystèmes aquatiques. Ainsi, pour qu’une masse d’eau superficielle soit considérée comme étant en « bon état écologique », elle doit être à la fois en bon état biologique, en bon état physico-chimique et ne pas dépasser des valeurs seuils pour certains polluants spécifiques.
L’état écologique des masses d’eau peut être déterminé lors d’un diagnostique territorial : il s’agit de l’état des lieux. Afin de suivre et analyser les obstacles à la reconquête du bon état des eaux selon la DCE, le comité de bassin réalise un état des lieux tous les six ans. Ce diagnostic permet d’orienter les politiques de l’eau des territoires, et de fixer les objectifs environnementaux du SDAGE.
L’état des lieux 2019
Au-delà de l’évaluation de la qualité de l’ensemble des masses d’eau du bassin Loire-Bretagne, l’état des lieux identifie les pressions qui pèsent sur elles à l’heure actuelle, et les anticipe sur les huit prochaines années. Le dernier état des lieux a été réalisé en 2019 sur base des mesures de qualité des eaux de 2017. Le prochain état des lieux est en cours d’élaboration afin d’être publié en 2025.
« En savoir plus »
- État des lieux 2019 : Connaitre pour agir
- Agence de l’eau Loire-Bretagne – Synthèse de l’état des lieux
- Agence de l’eau Loire-Bretagne – Protocole sur l’élaboration de l’état écologique
Bilan régional
La région Pays de la Loire se trouve à cheval sur deux bassins hydrographiques : très majoritairement sur le bassin Loire-Bretagne (99% de sa surface), et une partie sur le bassin Seine-Normandie (5 masses d’eau seulement). Il y a donc au total 456 masses d’eau de surface recensées sur la région (tout type de masses d’eau de surface confondu, et disposant de plus de 1% de la surface de la masse d’eau sur le territoire).
Des masses d’eau majoritairement en mauvais état
- 2 masses d’eau sont en très bon état : il s’agit de deux masses d’eau côtières situées au sud de la Vendée (Ile de Ré et Sud Sables-d’Olonne).
- 57 masses d’eau sont en bon état écologique : la grande majorité (48 masses d’eau) sont des masses d’eau « cours d’eau », située principalement sur la partie Nord et Nord-Est du territoire. Ce résultat peut s’expliquer en partie par une plus grande réserve d’eau souterraine et des interactions nappes rivières facilitées (socle sédimentaire), pouvant atténuer les impacts négatifs liés à l’étiage (notamment sur la biodiversité).
- Près de la moitié des masses d’eau (44.7%) sont en état médiocre ou mauvais.
En savoir plus :
- TEO – Eau et Territoire
- TEO – L’étiage en Pays de la Loire
- Ifremer – Typologie des masses d’eau côtières et de transition en Loire-Bretagne
- Ministère de la Transition écologique et solidaire – Guide technique relatif à l’évaluation de l’état des eaux de surface continentales
- Agence de l’eau Seine Normandie – Géo-Seine-Normandie
Amélioration de l’état des connaissances
Depuis 2006, les connaissances et le suivi des masses d’eau ont été fortement renforcés, notamment à travers le déploiement d’un réseau de mesures de suivi sur le terrain. En 2017, l’état des lieux s’appuie sur des mesures effectives dans le milieu pour 99% des eaux.
Ces mesures ont permis de lever les doutes sur les masses d’eau simulées en état « moyen », mais de façon contrastée d’un département à l’autre. Globalement, le nombre de masses d’eau en bon état oscille autour de 11 % avec des départements où les mesures ont pu donner de bonnes surprises jusqu’en 2017 comme la Sarthe, mais d’autres où les mesures ont pu entrainer la réduction le nombre de masses d’eau auparavant simulées comme en bon état (analyses menées par la délégation Maine-Loire-Océan de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, décembre 2021).
Les paramètres déclassants
- Masses d’eau « cours d’eau » : les paramètres déclassants sont principalement des paramètres biologiques avec par ordre d’incidence l’Indice Poisson Rivière, l’Indice Biologique Diatomée et l’Indice Invertébré Multi-Métrique.
- Masses d’eau « plan d’eau » : sur les 16 plans d’eau en état moyen, 14 sont déclassé sur base de l’indice planctonique. 2 plans d’eau sont déclassés sur base du paramètre Nitrates. Les 6 plans d’eau en état médiocre sont déclassés sur base de l’indice planctonique.
- Masses d’eau « côtières » : la seule masses d’eau en état médiocre est déclassée pour cause de blooms de macroalgues.
- Masses d’eau « de transition » : le paramètre déclassant pour les deux masses d’eau en état moyen est l’Indice Poisson Rivière.
En savoir plus :
- Agence de l’eau Loire-Bretagne – État des lieux 2019 : Données et méthode
- Ifremer – Atlas interactif
Les causes de dégradation
Les Pays de la Loire sont la région la plus dégradée du bassin Loire-Bretagne avec le plus faible nombre de masses d’eau en bon état, et celle présentant le plus de masses d’eau en mauvais état. Les causes de dégradation sont multiples et plusieurs facteurs permettent d’expliquer ce déclassement.
Les pollutions diffuses par les pesticides et les nitrates d’origine agricole : Près de 82% des masses d’eau sont à risque pour ce type de pollution. Ce sont principalement les masses d’eau plans d’eau (86%) et cours d’eau (77%) qui sont concernées.
Les prélèvements et la sévérité des étiages : 72% des masses d’eau cours d’eau présentent une pression significative sur le paramètre « hydrologie ». Le territoire se trouve en grande partie sur un socle granitique, ce qui implique de faibles réserves en eau souterraine et des étiages marqués dans la majorité des cours d’eau. La région est fortement impactée par les prélèvements d’eau pour divers usages (potable, agricole, industriel), ce qui exacerbe les déficits quantitatifs et entraîne fréquemment des assecs. De plus, la très grande majorité de l’eau prélevée en région est issue d’eau continentale. Enfin, le nombre important de plans d’eau (plus de 40 000 plans d’eau de plus de 1000 m²) a des impacts significatifs. Leur présence peut provoquer une perte de débit par évaporation, des ruptures de la continuité écologique, l’ennoiement des cours d’eau et zones humides, une augmentation de la température de l’eau, une eutrophisation, et des modifications des peuplements piscicoles.
Les ruptures de continuité et les altérations de l’intégrité physique des milieux aquatiques : 44% des masses d’eau présentent une pression significative sur le paramètre « morphologie ». Pour les masses d’eau cours d’eau, ce sont 84% des masses d’eau concernées.
La dégradation des milieux aquatiques est amplifiée par l’artificialisation des bassins versants. Le remembrement, la destruction des haies, la dégradation des fonctionnalités voire la disparition des zones humides, la présence de retenues collinaires, le drainage et l’imperméabilisation des sols, l’urbanisation, sont autant d’aménagements ou d’atteintes aux milieux qui retardent ou accélèrent l’écoulement des eaux, limitent l’effet régulateur des zones humides et modifient l’hydrologie et le substrat des cours d’eau (voir Plan État Région des Pays de la Loire).